Besancenot, le facteur médiatique
Création d’un nouveau parti, présence accrue dans les médias, une cote de popularité qui monte en flèche. Le leader de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) poursuit en 2008 son ascension politique.
Et si il commençait à faire peur ? Souvent décrédibilisé par ses pairs, considéré un temps comme un effet de mode éphémère, Olivier Besancenot est désormais bien ancré dans le monde politique français. A tel point qu’il suscite les convoitises. Récemment le site internet de L’Express révélait que le porte-parole de la LCR avait été espionné pendant plusieurs mois par une officine privée de renseignement. La rançon de la gloire ? « Scandalisé », le principal intéressé a porté plainte contre X pour « violation de la vie privée » et « atteinte au secret professionnel ».
Cette affaire arrive à une période où Olivier Besancenot surfe sur la vague de la contestation anti-sarkozyste. Au plus bas dans les sondages, le président de la République connaît une période compliquée, ponctuée par des journées de manifestations en mai. Du côté du facteur de Neuilly-sur-Seine, à l’inverse, tous les feux sont au vert. Crédité de 8% des votes si les élections présidentielles avaient lieu cette année, Besancenot gagne en popularité. Récemment, 41% des Français souhaitaient qu’il ait davantage d’influence dans la vie politique. Pourtant, il déclare ne pas avoir l’intention de se présenter dans quatre ans.
Invité sur le canapé rouge de Michel Drucker
Les sondages reluisants l’ont propulsé directement sur le canapé rouge de Michel Drucker. Dimanche 11 mai, il était l’invité de l’émission « Vivement dimanche ». Une apparition télévisuelle qui a suscité la division au sein de son opposition interne. Christian Picquet, chef de file de la minorité unitaire, y voyait une étape de plus vers la personnalisation du parti, une contribution « à la dépolitisation de la vie publique [… ] et l’édification d’Olivier Besancenot ». D’autres se sont lâchés : « On ne veut pas faire une nouvelle Arlette Laguiller ! ». Essuyant les critiques, le porte-parole de l’organisation trotskiste s’est félicité de cette opportunité de s’adresser à un public plus large : « C’est l’occasion de présenter un certain nombre d’engagements, de causes et de donner la parole à d’autres, de s’adresser à des millions de personnes, donc de s’adresser au peuple, quand on est une organisation populaire ». 2,7 millions de Français en moyenne ont ainsi pu découvrir, juger sa performance.
Au moins, Olivier Besancenot a profité de l’occasion pour revendiquer ses idées révolutionnaires. Avec, en point d’orgue, l’annonce sinon la confirmation de la création d’un nouveau parti : le NPA, comprendre Nouveau parti anticapitaliste. Si elle se concrétise, elle pourrait être considérée comme une apothéose de son combat, lui qui était déjà fasciné par la radicalité au collège. Fils d’un père professeur de physique et d’une mère psychologue, il s’est très rapidement plongé dans les ouvrages d’Ernesto Che Guevara, son mentor. Titulaire d’une licence d’histoire, il entre à La Poste en 1998 tout en poursuivant ses activités politiques. Inconnu en 2002, la France entière découvre à la télévision ce visage poupin au cours de la campagne électorale des présidentielles. Au premier tour, il récoltera 4,25% des suffrages, un résultat légèrement supérieur qu’en 2007 (4,08%).
« La révolution, ce n’est pas une flaque de sang »
Six ans donc que le facteur venu des Hauts-de-Seine vient titiller les énarques et autres habitués de la sphère politique. Avec comme cheval de bataille : la lutte contre un capitalisme dévastateur générateur d’inégalités sociales : « La productivité en France est la plus élevée au monde. Je pense qu’on peut augmenter les revenus de 300 euros nets mensuels ».
Quarante ans après Mai 68, Olivier Besancenot croit toujours aux vertus d’une révolution pour briser un statu quo politique et social… mais une révolution pondérée, réfléchie : « Pour moi, la révolution, ce n’est pas une flaque de sang à chaque coin de rue ». Les temps ont changé.