Amateurs de pistes vertes

A l'aube de la nouvelle année, les stations de ski des Alpes du Nord, et de la France entière, ont le sourire. Les chiffres des réservations pour les vacances de Noël et de février sont à la hausse. Pourtant, la neige se fait encore attendre. Explication d'un paradoxe.

80 %. C'est en moyenne le taux de remplissage des stations de sport d'hiver lors de la première semaine des vacances de Noël. Un taux supérieur à celui de l'an passé. Fait incroyable alors que l'enneigement reste très faible dans les plupart des stations. Pout les réputées des Alpes du Nord (Courchevel, Tignes, La Plagne, Val Thorens), il tourne autour de trente centimètres en bas, soit trois moins que la normale. Et les chiffres sont encore plus faibles pour les stations de plus petite envergure. Pis, la neige FRAICHE est quasi inexistante : à Tignes, sa hauteur est de ZERO centimètres !!!

Effet boule de neige

Alors comment expliquer que les stations de ski françaises affichent presque complets ? Premièrement, par le bon déroulement de la saison passée. A la même époque (décembre 2005), la neige était tombée abondamment. Sur le site du Nouvel Observateur, le cabinet d'ingénierie touristique confirme : "L'affluence record due à l'excellent enneigement de l'hiver précédent a fait boule de neige" . Deuxièmement, TF1, France 2 et France 3 ne cessent de rassurer tous les soirs les Français pendant la "Météo des neiges" : "Oui, la neige afflue sur les massifs montagneux". Les Parisiens vont être surpris quand, à peine arrivés sur les pistes, ils verront le désastre. En effet, la plupart des locations sont réservées par des habitants provenant d'autres région que Rhône-Alpes. Les skieurs "locaux" sont peut-être moins naïfs quant aux réelles conditions du moment. Troisièmement, les stations et les offices du tourisme ne manqent pas d'imigination pour attirer les clients : randonnées, parcours aventure, initiation au biathlon, patinoire, etc.

Les canons en surchauffe !

Les stations possèdent un atout non négigeable : les canons à neige. De plus en plus gros et sophistiqués, ils sont devenus indispensables en ce moment. Néanmoins, ils n'auraient pas fonctionné autant des températures négatives n'étaient pas apparues ces derniers temps. Jacques Guillot, maire du station iséroise (Chamrousse), poursuit dans ce sens : "La plupart des stations ne peuvent pas ouvrir toutes leurs pistes mais les canons à neige fonctionnent car il fait assez froid".

Un avenir incertain

Or, skier sur de la neige artificielle et dure comme du béton, c'est une sensation beaucoup moins agréable que s'éclater sur de la bonne poudreuse. Les stations utilisent excessivement les canons, alors que la première couche de neige naturelle est très fine. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est plutôt pessimiste pour l'avenir des stations :  "Les changements climatiques remettent gravement en question la fiabilité de l'enneigement dans les stations de ski et par conséquent menace les économies régionales qui sont tributaires du tourisme d'hiver". S'il l'on pousse le bouchon jusqu'au bout, peut-être skierons-nous bientôt sur de nouvelles pistes vertes, mélange de boue et de d'herbe. Au contraire, pour rester optimiste, disons que les prochaines chutes de neige sont prévues pour le 1er janvier. Voilà une belle année qui commence !