Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le fondu de l'actu
Derniers commentaires
Archives
11 février 2007

Christian Chesnot, un pigiste au Proche-Orient

chesnot_001Troisième conférence de l'année au collège international de Cannes. Les apprentis journalistes, avides de questions, ont reçu, vendredi 9 février, un reporter de luxe : Christian Chesnot. Dans un théâtre bien garni, l'ancien otage d'Irak a fait partager son expérience de pigiste, dans une zone du globe où l'information « chaude » afflue.

« Régionalement, ça bouillonne. L'actualité y est tellement porteuse ». Cette région, c'est le Proche-Orient. Tout juste diplômé du Centre de formation des journalistes de Paris en 1989, Christian Chesnot saute dans un avion, direction l'Egypte. Dix ans plus tard, il s'installe plus à l'ouest : « J'ai hésité entre deux villes : Beyrouth et Amman. La première est francophone, mais loin de la Palestine. Amman, c'est vraiment un carrefour ». Entre 1999 et 2004, le journaliste vit dans la capitale jordanienne. Correspondant pigiste, il collabore avec Le Point et Radio France. Israël, Palestine, Syrie, Liban. Christian Chesnot ne néglige aucun conflit. Il suit l'Intifada palestinienne en 2000. « Ce qui est intéressant au Moyen-Orient, c'est de couvrir plusieurs pays. Tout est interconnecté. »

« Bien choisir où l'on s'installe »

Travailler en freelance au Proche-Orient, l'idée paraît osée. Pas pour Christian Chesnot. Seule obligation : attérir au bon endroit : « Amman, c'est une ville pratique et pas chère. On peut trouver une niche comme pigiste au Proche-Orient. Il faut simplement bien choisir où l'on s'installe », assure-t-il. Traiter de plusieurs pays, avoir différents employeurs, toucher à tous les médias. La profession de pigiste n'a-t-elle que des avantages ? « Quand ça marche bien, c'est l'idéal. Parfois, cela se passe moins bien pour plusieurs raisons : pas d'actu porteuse, conditions de vie chères, etc. », nuance Christian Chesnot. Quand tous les journalistes sont installés à Beyrouth, « mieux vaut aller dans des pays vierges ».

Difficile, pour un journaliste du Proche-Orient, de rester objectif. Les tensions sont perceptibles à chaque coin de rue : « Le moindre détail peut vous faire cataloguer dans un groupe. Si vous dîtes que vous êtes à Jérusalem-Est, vous êtes du côté des Palestiniens. » Pour le reporter, le pigiste n'est moins exposé aux pressions que le correspondant travaillant pour un seul média. Une liberté d'exercice primordiale : « On doit pouvoir critiquer les deux camps, avoir une indépendance de jugement, être honnête en donnant la parole à tout le monde. »

Du statut de pigiste au CDI

Eté 2004. Le reporter quitte la Jordanie pour l'Irak. « Je n'avais pas l'intention d'être un correspondant de guerre ». Pourtant, le 20 août, il est enlevé, avec son collègue Georges Malbrunot et leur chauffeur syrien Mohamed Al-Joundi, par l'armée islamique. Après cent-vingt-quatre jours coupé du monde, Christian Chesnot est de retour en France pour les fêtes de Noël. En 2005, il publie, avec son confère Malbrunot, Mémoires d'otages : notre contre-enquête. Dans la foulée, il accepte un poste au service politique de France Inter, à Paris. Lui, l'ex-pigiste, signe pour un CDI : « Cela aurait été presque indécent de refuser après avoir été soutenu par Radio France et l'ensemble de la profession. De toute manière, avant la prise d'otage, j'avais l'intention de travailler en France. »

Habillé décontracté, la parole libre, Christian Chesnot ne semble pas, aujourd'hui, porté les séquelles de l'épisode irakien. Cependant, il ne se voit pas, un jour, y retourner. Et pour le Proche-Orient ? « Je suis déjà reparti à Amman, à Damas ». Nicolas Hénin a pris le relais en Jordanie pour France Inter. Car « la base, ça reste le reportage, le terrain. »


Publicité
Commentaires
le fondu de l'actu
Publicité
Publicité